Terminé le 31.01.21
Présenté dans laBoite Noire
Stéphanie Roland. Deception Island
L’expédition antarctique belge (1897-1899) a été un épisode audacieux de l’exploration du continent blanc. Après avoir approché de nouvelles terres et fait de nombreuses découvertes scientifiques, le bateau se retrouve coincé dans les glaces, pendant près de treize mois. Durant cet hivernage forcé, le manque de lumière de la nuit polaire a causé des maladies, des dépressions et même des cas de démences, au sein de l’équipage.
Deception Island est une œuvre multidisciplinaire - entre performance, film et installation – qui explore la face invisible d’un mythe de l’exploration belge et développe la narration d’un non-voyage paradoxal. Cet épisode, amputé de l’histoire officielle, est rejoué par des acteurs dans le site industriel du New Belgica, qui est le projet de construction d’un nouveau bateau, réplique à l’identique du Belgica (le bateau original de l’expédition s’est échoué dans les fonds marins). Il a été construit par des prisonniers et des demandeurs d’emploi en reconversion professionnelle.
À la fois source d’inspiration du projet, espace de performance et décor du film, ce squelette de bateau peut être considéré comme une métaphore de la reconstitution historique, toujours en évolution, fragmentée et incomplète. En effet, même si le bateau semblait bloqué dans la glace, les données astronomiques indiquaient que la banquise continuait à dériver indéfiniment. L’usage exclusif du travelling tout au long du film immerge le spectateur dans un univers flottant et hypnotique, où la désorientation physique fait écho à une perte de repère existentielle dans un univers post-industriel sans balises et mystérieux.
Court métrage - Durée : 14 min.