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Exposition

05/10/24 - 26/01/25

Présenté dans la
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Hongsuk Ahn. Till the humming sleeps

Sacré parcours que celui de Hongsuk Ahn, jeune Coréen, récemment diplômé de la section photographie de La Cambre. Né en Corée, il y fait ses premiers pas dans le domaine artistique à l’université. « J’y pratiquais notamment la photographie et c’est là qu’un professeur, diplômé de Paris 8, m’a conseillé de poursuivre mes études à l’étranger. »

Il n’avait cependant pas attendu l’université pour s’intéresser à la photographie. « Trois ou quatre ans avant, j’avais commencé à photographier avec un moyen format Hasselblad. Il s’agissait essentiellement de paysages et c’était une chose que je faisais uniquement pour le plaisir. Avant cela, j’avais sans doute fait quelques images avec le petit appareil qu’utilisait mon père. »

Si la photographie commence alors à prendre une place importante dans sa vie, c’est le monde des arts en général qui le passionne. « J’ai une sœur qui a étudié la peinture en Corée. Elle a été diplômée il y a 5 ans et poursuit son travail dans notre pays. De mon côté, j’ai voulu tenter l’aventure à l’étranger et plus particulièrement en France. Je suis donc parti étudier les beaux-arts à Aix-en-Provence. Il ne s’agissait pas d’une formation consacrée à la photographie mais plutôt à l’image en général, avec notamment un large aspect théorique. Et à partir de ça, j’ai commencé un travail de dessin tout en poursuivant la photographie mais plutôt pour le plaisir. »

Le travail de dessin en question n’a rien d’anodin et continue, non seulement à le passionner, mais aussi à occuper une large partie de son temps. Il s’est notamment lancé dans un projet aussi singulier qu’impressionnant, consistant à reproduire au crayon les millions de pixels présents dans une image. À l’aide d’un dispositif mis au point par ses soins, il reproduit un par un chaque pixel avec toutes ses nuances de noir et blanc. Un travail qui devrait le mener, d’après ses calculs, jusqu’en 2030.

C’est pourtant dans la section photographie de La Cambre qu’il décide de poursuivre son parcours. « D’une part, je voulais déménager dans une plus grande ville. D’autre part, en travaillant sur l’image en général, mon envie de photographie m’est revenue. J’avais aussi besoin de gens avec qui discuter de la photographie et de l’image. J’ai soumis ma candidature à Paris 8 et à La Cambre. J’ai été accepté des deux côtés mais, finalement, j’ai préféré rejoindre La Cambre. »


Là, il se lance dans une quête d’images qui nourrissent sa réflexion autant que son imaginaire. « Au tout début, il n’y avait pas vraiment de thématique. Je me suis rendu en Espagne à Rio Tinto, un lieu qui a été le théâtre des premières manifestations environnementales dans le pays. C’est à la fois le nom d’un fleuve, d’une commune, de la carrière qui y est exploitée et même de l’équipe de foot. Tout y est Rio Tinto... Je suis allé là-bas comme touriste, dans le but de photographier des choses mais pas de documenter une situation. Et petit à petit, j’ai trouvé ainsi ce que je voulais faire. »

Depuis, Hongsuk Ahn constitue une archive composée de masses d’images qu’il réalise pour son plaisir. « Au gré des voyages et observations de la vie quotidienne, mes images forment peu à peu une archive de matériaux visuels. Cette collection d’images crée ainsi un écosystème qui dévoile une recherche photographique ancrée dans le réel » explique-t-il.

À partir de cette archive, il constitue ensuite des ensembles, des suites, d’où émergent quelques thèmes. « Pour moi, la photographie est un espace qui peut me conduire ailleurs. Ça me permet d’imaginer autre chose » explique-t-il. C’est ainsi qu’il en arrive à la pratique des « cadavres exquis » où chaque image est liée à la précédente par un détail, une forme, un motif.

« Tout en explorant la relation entre l’homme et la nature, ma pratique passe par une quête de motifs, de couleurs et de formes récurrentes qui constituent une structure malléable » complète-t-il. « Le processus d’éditing révèle naturellement le fonctionnement des images collectées. Progressivement, une analyse quasi statistique révèle quelles scènes attirent l’attention, quels sujets captivent l’esprit, et quels endroits sont souvent visités pour la prise de vue. Ainsi, certains sujets et orientations commencent à se dessiner : « violence », « nature », « modèle », « texture », « problèmes environnementaux », « vie », « mort », « espace urbain », « architecture », « couleur », « chaîne alimentaire », « surfaces », « abstraction ». À travers l’exploration du langage photographique, je cherche à interroger la structure et les conditions du travail de l’image. »

Un travail de l’image au sens très large puisqu’à côté de la photographie, ce jeune homme plein de ressources poursuit le dessin mais se tourne aussi, selon les besoins et les envies, vers la vidéo ou la performance.

 

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© Hongsuk Ahn