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Publié le lundi 02 décembre 2024

Œuvre de décembre

« Je devrais sans doute me situer plus précisément. C’est délicat car ce n’est pas ma fonction sociale qui détermine ma demande. Brièvement dit, je suis journaliste à la radiotélévision belge », cette modeste description d’elle-même, Francine Vanberg l’adresse au photographe Hervé Guibert auquel elle écrit en janvier 1982 dans l’espoir d’obtenir son retour sur sa série On l’appelait Madame Thérèse. Il est vrai que c’est davantage en tant que journaliste pour la Radio-télévision belge de la Communauté française où elle parlait de politique et surtout de culture, mais également pour certains de ses reportages, que le nom de Francine Vanberg fait encore écho aujourd’hui.

Photographe autodidacte et participante aux sessions d’été de photographie de la School of Arts de l’Université de New-York, Francine Vanberg ne réalisera, à notre connaissance, que la série On l’appelait Madame Thérèse et laisse derrière elle quelques projets inachevés – sans doute lié à son départ prématuré.

« Après son décès, par exorcisme, j’ai parcouru les cafés, parlé et photographié des femmes qui comme elle, s’en remettent à l’alcool », le « comme elle » fait référence à la mère de Francine Vanberg, décédée d’une cirrhose et dont l'alcoolisme est longtemps demeuré caché à la famille. Dans son courrier à Hervé Guibert, elle précise à nouveau « J’ai souvent discuté avec elles, plus souvent encore je n’ai pas eu la force de prendre une photo tant la réalité était trop intense (ce sont mes images fantômes). Côtoyer cette réalité ne m’a pas soulagée, elle m’a tout au plus aidée à comprendre un peu, à la cerner sans chercher à la renvoyer vers une ligue bienfaitrice ». Si initialement cette série se voulait un geste de compréhension, voire une démarche thérapeutique – dont l’objectif ne semble pas réellement avoir été atteint pour elle –, le témoignage que nous laisse Francine Vanberg à travers ses images est empreint d’humanisme, de respect et quelquefois de douceur. Sans porter un quelconque jugement sur ces femmes qui trouvent peut-être davantage de réconfort face à leur solitude ou leur détresse dans l’aspect social des bistros que dans l’ivresse, la photographe capte des fragments de vie. Une vie dans des cafés ou des brasseries qui ne sont parfois que des lieux de passage, ponctuellement des lieux de retrouvailles ou plus quotidiennement le rendez-vous des habitués. Si ce sont essentiellement des femmes attablées et seules sur lesquelles la photographe porte son regard, Francine Vanberg a également capturé des moments de partage, de complicité voire de festivité. Par pudeur ou par protection, de par son histoire personnelle, une certaine distance semble être imposer par la photographe. Ses images sont souvent prises de loin, presque dérobées, il est rare qu’une interaction dans les regards ait lieu et pourtant aucun voyeurisme n’apparait.

Le lien social et la place de la femme seront des sujets que la photographe abordera à plusieurs reprises dans sa carrière journalistique. Nous regrettons qu’elle n’ait peut-être pas eu davantage de temps pour explorer plus en profondeur sa pratique de la photographie.

Francine Vanberg, de la série On l’appelait Madame Thérèse, ca 1980. Épreuve à la gélatine argentique, tirage d’époque, 32,7 x 22,2 cm. Coll. Musée de la Photographie MPC 91/758