Publié le vendredi 04 novembre 2022
Œuvre de novembre
Franco Fontana s’affirme hors des sentiers battus, des parcours habituels ou des démarches artistiques convenues. Dès son adolescence, il choisit les chemins de traverse, abandonnant l’école à 14 ans pour commencer à travailler, comme un moyen d’échapper à la voie traditionnelle et à l’ordre établi. Il débute la photographie à 25 ans dans un photo-club de sa ville natale de Modène. Après quelque temps de production relativement classique, il le quitte, poussé par des aspirations différentes. Les années 1960 et le début des années 1970 sont pour lui synonymes de premiers succès et d’expositions. Le tournant arrive en 1978, avec la publication de son livre Skyline qui agit comme un choc visuel radical dans le monde de la photographie et le place d’emblée parmi les artistes à suivre de sa génération. Il abandonne alors son activité commerciale pour se lancer pleinement dans la production et la promotion de sa photographie. Il n’hésite pas à voyager pour se faire connaître. Il est tout à la fois photographe artistique, publicitaire et, parfois, documentaire.
S’il est un mot à retenir pour parler du travail de Franco Fontana, il s’agit de « couleur ». Il choisit, dès ses premières images, le recours au film Ferraniacolor qu’il achète en grande quantité et qu’il bobine lui-même. Cet usage est combiné à une esthétique totalement nouvelle. Un œil sur le monde qui semblait, jusque-là, avoir échappé à la photographie en couleur : l’abstraction. Les avant-gardes des années 1920 avaient déjà largement balisé le terrain de l’expérimentation et de l’abstraction photographique en noir et blanc. La couleur, quant à elle, restait généralement encore confinée à la représentation « véridique » du réel. Franco Fontana, avec d’autres de son époque, ouvre, par sa pratique, la voie de l’abstraction colorée en photographie. Ses images semblent désincarnées de la réalité, presque truquées. Pourtant, Franco Fontana fait l’inverse : il prend les éléments du réel et les sublime par sa photographie. Il joue avec notre monde, perçoit, capte et crée un nouvel univers proche de l’abstraction visuelle.
Sa série Skyline, dont est issue l’œuvre du mois de novembre, se situe au début de sa pratique. Elle en est la quintessence même. Le ciel et l’horizon, éléments éminemment connus de notre quotidien, prennent ici des allures de mondes étrangers, de formes inconnues, d’espaces inexplorés. Des vues que l’esprit se plaît à réinterpréter et dont Franco Fontana a transcendé le sens premier, manifestant, par là-même, toute son action créatrice et artistique.