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Exposition

04.06.22 - 18.09.22

Présenté dans la
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Clyde Lepage. Pazea Sovni

Dans le cadre de leur partenariat, Le Soir et le Musée de la Photographie ont lancé la Galerie du Soir. Parallèlement à chaque nouvelle grande exposition du Musée, la Galerie du Soir présente un jeune artiste à découvrir. Un pari sur l ́avenir décliné en quatre volets : un accrochage réduit mais significatif au Musée, un portfolio dans la revue Photographie ouverte, une présentation du photographe dans les pages du Soir et une sélection de son travail sur le site www.lesoir.be. Pour cette nouvelle édition de la Galerie du Soir, notre choix s ́est porté sur Clyde Lepage.

Parcours peu banal que celui de Clyde Lepage. Longtemps, elle est attirée par les arts de la parole qu’elle découvre durant ses études avant de s’y consacrer plus largement en suivant les cours d’un conservatoire. Mais dans le même temps, elle se passionne pour les images par un détour plutôt inattendu. Dans la salle d’attente du cabinet de son père, pédopsychiatre, pas de magazines « people » mais un mélange de revues scientifiques ou géographiques abondamment illustrées. « Je passais mon temps à les feuilleter, à les découper et à collectionner les images sans jamais rien en faire. » L’attrait pour le langage visuel est pourtant bien là mais au sortir des humanités, elle décide de se frot- ter au monde réel et va passer plusieurs années à s’engager comme activiste politique et écologique. « J’avais racheté l’appareil photo d’une amie depuis un moment mais je ne voulais pas du tout faire de photo à cette époque. Je voulais être dans l’action, pas dans l’observation. »

A son retour en Belgique, nantie désormais d’une solide expérience de vie (« j’avais l’impression d’avoir trouvé des pairs, d’avoir fait mon éducation »), elle ne se voit pas retourner vers les arts de la parole mais plutôt vers le visuel. Elle dépose donc sa candidature dans plusieurs écoles. « Au 75, une des dernières questions de l’examen d’entrée consistait à expliquer pourquoi on avait envie de lutter. Je me suis dit que c’était un bon signe. » Ce sera donc le 75, « une école pas du tout pluridisciplinaire, orientée documentaire et où on apprend toutes les bases de la photographie ». Une foisdiplômée, elle décide de poursuivre son parcours à l’Erg avec, cette fois, une formation en performance et installation.

C’est tout cela que l’on retrouve dans « Pazea Sovni », un travail commencé il y a quelques années et dans lequel, influencée notamment par sa découverte du cinéma belge, elle photographie sa région d’origine, y mettant en scène de nombreuses personnes de son entourage. « J’ai eu envie de retrouver ma ré- gion, les paysages que je voyais défiler, plus jeune, dans le train, le bus ou la voiture. Aujourd’hui, j’y retourne en prenant le temps, je redécouvre les lieux et je retrouve des gens qui y vivent et que j’ai connus. » Elle met tout cela en scène dans un étonnant mélange de documentaire social, de poésie, de burlesque, de fantastique parfois. « Dans ce travail, ma photographie est influencée par la pratique de la performance. Et la façon de la montrer par celle de l’installation. » Depuis cinq ans, elle part ainsi sur les traces de son enfance et de son adolescence. « La plupart des personnes photographiées sont des gens que je connais, qui font ou ont fait partie de mon entourage. Il y a des gens que j’airetrouvés après 15 ans et d’autres que j’ai croisés par hasard dans la rue. » Dans ce dernier cas, plutôt rare, elle peut faire des photos sur l’instant, en une demi-heure. « Je préfère les rencontres sur la durée » explique-t-elle toutefois. « J’explique mon projet, je montre mes images puis on prend rendez-vous. Ça permet aux gens de se préparer, de choisir comment ils veulent apparaître. L’idée, c’est qu’on crée quelque chose ensemble. On essaie, on tâtonne. Parfois rien ne vient alors je repasse plus tard, j’explore, j’écoute parler. »

Mais dans tous les cas, elle ne photographie que des gens de « son territoire », entre Namur et Liège, créant une sorte de mission photographique auto-commandée, un « truc bizarre » à la frontière entre le documentaire et le mystère. « Il y a quelque chose d’extravagant qui ne vient pas que de moi. On construit ça ensemble. Et puis il y a pour moi un mélange de souvenirs, de rêve, de fantasme et de réalité. Je ne sais plus trop si j’essaie de parler du passé, du présent ou s’il s’agit plutôt d’une fable. »

Une chose est sûre en tout cas : « Je me suis rendu compte que je me sentais vraiment chez moi dans cette région et je me demandais ce que j’y aimais tant. » Lorsqu’on l’interroge pour savoir si elle a trouvé, elle hésite, réfléchit longuement puis répond dans un sourire : « Je pense que je vais continuer à chercher tout ma vie. »

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