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Publication

Publié le lundi 26 août 2024

Œuvre de septembre

En 1907, à la fin du mois de mai, Philippe d’Orléans (fils aîné de Philippe d’Orléans, comte de Paris, et dernier des descendants aînés du roi Louis-Philippe Ier) entame une nouvelle campagne polaire dans la mer de Kara à bord de la Belgica avec son capitaine Adrien de Gerlache de Gomery et plusieurs scientifiques dont le docteur Joseph Récamier. Il s’agit de sa deuxième campagne avec ce navire, une première a été réalisée en 1905 et une troisième le sera en 1909. Comme le relate Maurice Zimmermann dans un article des Annales de Géographie[1], l’expédition de 1907 s’est avérée plus compliquée que prévu ; la Belgica est restée coincée cinq semaines dans la banquise (en raison de la persistance des vents du Nord-Est durant les mois de juillet et août) le long de la côte de la Nouvelle-Zemble avant de subir une série d’échouages et d’avaries.

Le duc Philippe d’Orléans est souvent décrit comme un explorateur, navigateur et naturaliste. Son aisance financière lui permet d’effectuer de grands voyages et d’importantes explorations avec comme motivation première de constituer une immense collection cynégétique – il rentre cependant bredouille de l’expédition de 1907. Mais ses explorations et déplacements sont également pour lui l’occasion de s’adonner à une autre de ses passions : la photographie. Le duc ayant une prédilection pour les photographies panoramiques, le Panoram n°4 – commercialisé par Kodak en 1899-1900 – deviendra son compagnon de route. Cet appareil offre un angle de vue de 142 degrés et ses films proposent de deux à cinq vues mesurant environ 9 x 30 cm. Si certaines de ses photographies sont publiées, d’autres sont utilisées comme modèles pour les toiles de fond dans ses grands « dioramas » où il présente sa collection d’animaux empaillés.

L’utilisation du Panoram n°4 par le duc d’Orléans va donner lieu à un bel ensemble de photographies témoignant de ses expérimentations techniques et de sa volonté d’user de tout le potentiel d’un appareil panoramique (en n’hésitant pas à faire pivoter son appareil pour photographier à la verticale). Il fait aussi parfois preuve de maladresse, comme lorsqu’il laisse son doigt trainer devant l’objectif – en témoigne cette œuvre du mois. Le Kodak Panoram no4, ciblait plutôt, de par sa simplicité et sa maniabilité, un public d’amateurs. Toutefois, il séduira également des professionnels tel que le photographe tchèque Josef Sudek qui, dans les années 1950, réalise la série Prague panoramique avec cet appareil.

On retrouve une importante série de photographies attribuées au duc d’Orléans dans la collection du Musée d’Orsay mais également dans certaines collections privées comme celles des éditions Sur la Banquise dont les tirages ont été présentés lors de l’exposition En dilettante. Histoire et petites histoires de la photographie amateur durant l’été 2022.

[1] Maurice Zimmermann, Explorations du duc d'Orléans dans la mer de Kara, dans Annales de Géographie, t. 16, n°90, 1907, p.474.

Philippe (duc) d'Orléans, La Belgica, Mer de Kara, 1907. Épreuve sur papier citrate, tirage d’époque, 8,2 x 29 cm. Coll. Musée de la Photographie MPC 2024/8