Publié le jeudi 02 janvier 2025
Œuvre de janvier
Cette photographie de Joe Maloney a été acquise en 1990 par la Communauté française de Belgique et faisait partie de la collection d'Evelyn Malengret. Cette collectionneuse, d'origine belge, a vécu au Canada pendant plus de vingt ans. Sa collection était principalement orientée vers la photographie américaine du XXe siècle. Professeure à l’Université de Moncton, elle a appris à connaitre la photographie par l’intermédiaire du photographe belge Jacques Evrard qui lui fit notamment rencontrer Robert Frank. Vers 1970, Evelyn Malengret hérite d’une certaine somme d’argent qu’elle décide d’investir dans la constitution d’une collection photographique guidée par son goût personnel. À la fin des années 1980, elle vend une partie de l’ensemble à l’État canadien et le reste à la Communauté française de Belgique dont la collection de photographies se trouve, dès lors, augmentée d’images de Julia Margaret Cameron, Peter-Henry Emerson, Robert Frank, Ralph Gibson, Duane Michals, Barbara Morgan, Edward Steichen ou encore Paul Strand, pour n’en citer que quelques-uns parmi les plus connus.
À ces grands noms de l’histoire du médium s’ajoutent également quelques photographes moins célèbres tel Joe Maloney, auteur de l’œuvre du mois. Maloney est membre de la Light Gallery de New York où Evelyn Malengret l’a très certainement découvert et où elle a sans doute acquis son travail. Cet artiste américain a fait de la couleur sa marque distinctive, il n’hésite d’ailleurs pas à saturer ses teintes pour obtenir un rendu plus intense. Son pays est sa principale source d’inspiration et c’est à travers les villes et routes américaines qu’il trouve la matière pour son art. La photographie de l’œuvre du mois en est un exemple illustratif. Cette image contient peu d’éléments de composition : des fragments de façades, de toits, d’arbres, un coin de pare-choc de voiture et la cabine avant d’un camion. La couleur prend alors une place importante dans le résultat final, elle est centrale dans la composition. La neige, par contraste, fait ressortir les quelques touches colorées de la photographie. La teinte douce des couleurs et la netteté des détails rappellent les froids matins d’hiver où le monde semble fait de coton. Le camion en marche dynamise l’image et le cadrage volontairement fragmentaire laisse supposer le mouvement.
Cette photographie sans sujet réel, si ce n’est la neige et la couleur, nous laisse surtout une « impression », que chacun est libre d’interpréter à l’aune de ses souvenirs.