28.01.23 - 21.05.23
Vernissage : 28.01.23 à 18h30
Dimitri Michaux. Syllogomanie
Pour Dimitri Michaux, la photographie est une évidence depuis longtemps. « J’ai fait mes études secondaires à l’IATA à Namur et en troisième, je me suis dirigé vers la section « art ». Dès la quatrième et jusqu’à la fin de mes humanités, j’ai suivi les cours de la section photographie. » Une passion qu’il a contractée des années plus tôt. « Je me suis tourné vers la photographie parce que c’est un domaine qui me plaisait depuis longtemps. C’est un univers que j’ai découvert par le biais du mari de ma mère qui faisait lui-même de la photographie. Il travaillait en argentique et j’aimais bien le côté artisanal, le labo, les bains... J’avais envie de me lancer là-dedans, à l’ancienne. »
Dans un premier temps, il travaille donc seul, en argentique, expérimentant et découvrant tout ce qu’il peut en autodidacte. Après l’IATA, il souhaite aller plus loin dans cette passion et se tourne alors vers les écoles de photographie. « Je connaissais la réputation du 75 dans le domaine de l’argentique. ça me semblait être le choix le plus évident. » Au cours de ses études, il aborde évidemment la photographie numérique mais continue, parallèlement, son exploration des bases de la photographie.
Le projet qu’il présente à la Galerie du Soir est pourtant réalisé en numérique et est né d’un concours de circonstances. « Tout a commencé par un travail demandé par les professeurs durant la période du covid. Comme on ne pouvait pas envisager de reportage extérieur, on nous a proposé de travailler sur le thème « Chez soi ». Au départ, ça n’avait aucun lien avec mon travail de fin d’études, mais une fois que j’ai commencé, je me suis dit que c’était peut-être quelque chose d’intéressant à exploiter. »
Dimitri Michaux aborde en effet un thème plutôt inattendu : la pathologie de sa mère. « Ma mère accumule les choses depuis toujours, de manière systématique. Cela occupe tous les espaces de la maison. C’est une situation qui m’atteint beaucoup mais à laquelle je ne peux rien changer. En faire le sujet de mon travail était une manière de me désensibiliser un peu par rapport à tout ça et de faire le portrait de quelqu’un qui ne se rend pas compte du problème. »
Dans un premier temps, le jeune homme se renseigne sur cette pathologie portant le nom savant de « syllogomanie » et il envisage de photographier diverses personnes qui en sont atteintes. « Je me suis rapidement rendu compte que ça me prendrait énormément de temps pour les trouver, expliquer mon projet, obtenir leur accord... J’ai donc décidé de me centrer sur la vie de famille, chez moi, dans cet univers. »
Dimitri Michaux vit en effet avec ses sœurs dans la maison où sa mère accumule toutes sortes d’objets dans toutes les pièces. Lorsqu’il commence son travail, personne ne s’en étonne. « Depuis que j’ai 7 ans, j’ai toujours fait des photos. Ma mère et mes sœurs sont habituées à me voir constamment avec un appareil à la main. »
Le principal problème reste cependant la prise de vue en elle-même. « C’était très compliqué car les pièces sont tellement encombrées qu’il n’y a pas de recul, peu de lumière. Ce n’était pas simple de trouver le bon point de vue. Et puis j’étais tellement habitué à cette manière de vivre que je ne remarquais plus les choses. Comme j’étais en kot durant cette période, je revenais une fois par semaine et j’ai dû ainsi apprendre à redécouvrir la maison. »
Il se replonge dans cet univers où s’empilent les boites de conserve, les paquets de pâtes, les bouteilles d’huile, les bols, les chaussures, les ustensiles de cuisine, les bibelots... « Je photographiais telle ou telle chose qui, tout à coup, me frappait. C’était un peu comme de la street photography à la maison. »
A l’arrivée, les images sont impressionnantes... sauf pour sa mère et ses sœurs. « Elles n’ont pas eu de réaction particulière car c’est naturel pour elles. C’est leur vie de tous les jours. Ma mère a quand même été un peu surprise mais pas du tout dérangée. » Quant à ceux qui découvrent son travail, Dimitri Michaux souhaite éveiller leur regard. « Dans un premier temps, il y a cette impression de trop, d’oppression. L’impression aussi de rentrer un peu dans notre intimité familiale. Mais ensuite, je crois qu’on peut passer d’une image à l’autre et toujours y découvrir quelque chose de plus. Il y a tellement à voir qu’on n’en a jamais fini. »