Terminé le 22.01.23
Lisette Model
Après les expositions consacrées à Joel Meyerowitz (janvier 2008), Fred Baldwin et Wendy Watriss (septembre 2009), Duane Michals (mai 2009), Leonard Freed (janvier 2011), Gary Winogrand (décembre 2014), Weegee (mai 2016), Harry Callahan (mai 2017), Robert Frank (septembre 2018) et Joel-Peter Witkin (2021), le Musée de la Photographie poursuit son cycle de présentation des figures majeures de la photographie américaine, en étroite relation avec sa collection permanente.
Par sa pratique photographique, à la fois documentaire, sociale et résolument moderne dans son dynamisme et l’originalité de ses compositions, Lisette Model a inauguré une nouvelle approche du documentaire, délaissant le point de vue classique pour offrir des clichés subjectifs qui influencent, aujourd’hui encore, une part importante de la photographie. L’ approche de Lisette Model est une expérience vertigineuse qui confronte le réel à sa propre perception du monde, recourant volontiers au flash ou à la contre-plongée. De même, Lisette Model pratiquait le recadrage, offrant à ses images un aspect dramatique voire expressionniste.
Lisette Model s’impose également comme femme dans un monde encore majoritairement masculin. Créant, en tant qu’enseignante, une lignée artistique féminine, avec notamment Diane Arbus et Eva Rubinstein (fille du pianiste Arthur Rubinstein), elle constitue ainsi à son époque, avec son amie Berenice Abbott, le premier mouvement féminin de la photographie américaine. L’exposition Lisette Model présente un ensemble de 150 œuvres évoquant chacune de ses séries emblématiques : de la Promenade des Anglais à Nice, en passant par les clochards croisés à Paris, les vitrines aux reflets superposés, les jeux de jambes captés depuis une bouche de métro à New York, mais aussi les prostituées, travestis ou chanteuses de boîtes de jazz. L’exposition Lisette Model offre une vision inédite - la plus complète jamais présentée en Belgique - de l’œuvre de la photographe.
Lisette Model est née à Vienne en 1901 et décédée à New York en 1983. Photographe renommée et enseignante réputée, elle va marquer l’histoire du médium photographique de son empreinte personnelle. Avant d’apprendre la photographie, Lisette Model suit une formation musicale en piano et chant. Après ses trente ans, elle se détourne de cette voie pour la photographie. Elle s’initie à cet art auprès de Rogi André, première épouse d’André Kertész, et de la photographe Florence Henri.
En 1934, elle réalise un reportage photographique sur la Promenade des Anglais à Nice. Cette série, volontairement satyrique, est publiée l’année suivante dans le magazine français à sensibilité communiste Regards. Devant l’avancée du fascisme en Europe, Lisette Model part pour les États-Unis avec son mari peintre, Evsa Model. À New York, ils sont introduits aux milieux d’avant-garde par Alexey Brodovitch, photographe et graphiste, directeur artistique du magazine Harper’s Bazaar, et par le photographe Ralph Steiner. Lisette Model rencontre alors Berenice Abbott, Beaumont Newhall, conservateur au Museum of Modern Art de New York, et Ansel Adams.
En 1940, le MoMA achète plusieurs de ses photographies et Lisette Model est présentée dans l’exposition collective Soixante photographies : coup d’œil sur les esthétiques du MoMA. Elle réalise ses premières expositions personnelles à New York l’année suivante. Cette même année 1941, elle devient membre de la Photo League, groupement de photographes entendant refléter les conditions sociales des travailleurs et la réalité économique américaine. Lisette Model collabore alors régulièrement au magazine Weekly. En 1942, à la suite d’une commande pour le magazine Harper’s Bazaar, elle produit le reportage sur Coney Island dont une célèbre photographie de baigneuse devient emblé- matique. En 1943, Lisette rencontre Edward Steichen, à l’époque directeur du Centre de la photographie du MoMA. Durant toute la décennie 1940, elle produit diverses séries photographiques qui seront publiées dans des magazines.
À partir de 1949, elle commence à enseigner, notamment à la California School of Fine Arts de San Francisco et ensuite à la New School for Social research à New York. Elle aura comme élève Diane Arbus dans les années 1950. À la fin de sa vie, plusieurs expositions rétrospectives de son travail seront organisées aux États-Unis et en Europe.
Avec la complicité de la galerie baudoin lebon et Avi Keitelman.
Avec le soutien de la Loterie Nationale et l’Ambassade des Etats-Unis