Terminé le 20.09.20
Mathieu Van Assche
Petit à petit, photo et gravure changent de statut. « La gravure est devenue un simple moyen d’impression et plus mon but final. Par contre, les « accidents » qui surgissent toujours en gravure ajoutent de la matière, un petit supplément d’âme. »
Aujourd’hui, Mathieu Van Assche continue à pratiquer l’illustration, le graphisme, la photographie, mêlant souvent les diverses disciplines. Mais en ce qui concerne la photo, il a redécouvert les plaisirs de l’argentique. « Pour tout ce qui touche au carnaval ou aux photos de rue, j’aime bien travailler à l’argentique, avec de petits appareils compacts qui tiennent dans la poche. Car il y a, une fois encore, cette notion d’accident. Puis cette attente avant de découvrir le résultat. Et l’obligation de choisir, l’impossibilité de mitrailler à tout-va comme avec la photo numérique. Ne pas avoir tout, tout de suite, j’aime assez cette situation. »
A travers le Carnaval sauvage mais aussi les photos an- ciennes sur lesquelles il dessine, il explore différentes facettes du masque. « Ce que j’appelle les « photos sabotées », ça date d’il y a longtemps. J’en avais fait quelques-unes juste pour moi, pour m’amuser. Des photos anciennes trouvées sur le marché aux puces du Jeu de Balle. Je les ai ressorties il y a deux ans pour une petite expo et j’ai décidé de poursuivre la série. Je leur crée des masques en fonction de l’image, de mon humeur, de toutes les choses que j’ai vues... En travaillant toujours sur les originaux pour leur redon- ner une seconde vie. Si je ne les transformais pas, ces images finiraient à la poubelle ou dans le meilleur des cas chez un collectionneur. »
Avec le Carnaval sauvage, il est entré au cœur de cette passion du masque. « La première fois que j’ai suivi le Carnaval sauvage, c’était en spectateur. Maintenant, je participe également. Le fait d’être masqué me permet de vivre les choses de l’intérieur, d’avoir un contact beaucoup plus direct. »
Si le masque est au cœur de son travail actuel, cela ne résulte pourtant pas d’une volonté délibérée. « Je ne me suis pas dit : je vais travailler sur le masque. A la base, c’est une esthétique que j’aime. En peinture, j’admire Bosch, Brueghel... On retrouve ça dans le Carnaval sau-
vage et dans d’autres manifestations du même type. Au fil du temps, j’ai lu énormément sur le sujet à travers le monde : masques africains, japonais, chinois... Ce sont des choses qui m’attirent esthétiquement et, finalement, je crée petit à petit un univers cohérent avec des liens entre tout ce que je fais : les monstres, les esprits, les masques, le côté fête païenne... »
Et quand on lui demande, souvent, ce qu’il fait exacte- ment, il répond : « Je fais des images. Et pour moi, une photo est une image au même titre qu’une illustration ou une gravure. C’est la même démarche : susciter des réactions à travers une création spontanée. Je ne cherche pas à délivrer un message. Par contre, ça m’intéresse de voir comment les gens interprètent les choses. Ce sont ceux qui regardent une image qui la font vivre en lui donnant parfois un sens auquel je n’ai pas du tout pensé. »