Aller au menu Aller au contenu

Online shop Support us

Publication

Sorry, this content on website is only available in French. Contact us for further information

Publié le vendredi 22 septembre 2023

Œuvre d'octobre

Nous sommes à Paris, dans les années 1930, probablement un mois d’hiver. Un jour comme tant d’autres, où se croisent et s’entrecroisent les passants et les touristes qui traversent le jardin du Luxembourg. Les marchands de ballons déambulent, parfois dans l’indifférence des adultes mais rarement dans celle des enfants, qui s’en émerveillent ou s’en amusent. Si le cadrage de cette photographie peut sembler « arrêté », Jacques Dubois a perçu la poésie quotidienne dans la naïveté et l’agitation d’un instant. 

Elève de Maurice Tabard dès 1934, compagnon d’exposition de Germaine Krull, André Kertész, Eli Lotar et Roger Parry en 1938 à la Galerie La Pléiade et ami proche de Robert Doisneau, Jacques Dubois demeure toutefois un photographe discret, quelque peu oublié. Peut-être aussi involontairement éclipsé par ses contemporains dont les noms font l’histoire de la photographie.  

Si dès 1938 il est amené, sur commande de la compagnie de navigation La Saga, à réaliser un reportage en Tunisie, c’est pour la France qu’il se passionne le plus et sur elle qu’il pose son regard à la sensibilité douce. Paris, inlassablement Paris, mais aussi l’Aubrac et la Bretagne, des lieux qui lui sont chers.  Il se forme à l’École nationale supérieure des arts décoratifs à Paris avec comme professeur Cassandre et Jean Carlu ; il se professionnalise dans le graphisme et devient membre dès 1954 de l’Alliance graphique internationale (AGI). Cette formation influencera certainement la composition et la construction de ses images. Durant les dernières années de sa vie, il se laissera séduire par le pastel et le fusain. 

Les livres auront une place importante pour lui, il collaborera pour ses publications avec des auteurs tels que Jean D’Ormesson, Roger Grenier ou encore Julien Gracq mais également le photographe Robert Doisneau – rencontré après la guerre à l’agence Rapho – dont il partage notamment l’édition d’Auvergnat (Nathan/Image, 1991) et avec qui il nouera une profonde amitié. Doisneau témoignera d’une grande estime pour le travail de Dubois. 

Tout comme celle de Doisneau, la photographie de Dubois trouve sa place dans le mouvement humaniste bien qu’il conserve – peut-être par pudeur ? ­– une distance certaine avec ses sujets. Il est toutefois indéniable que Dubois aime photographier l’Homme, dans ce qu’il a de beau, de saisissable (voire d’insaisissable), dans son quotidien, dans l’espace qu’il occupe.

Les images de Dubois amènent aujourd’hui une certaine nostalgie pour le regard tendre qu’il a porté, durant trois quarts de siècle, sur une France aujourd’hui disparue. 

Jacques Dubois, Paris 1934. Jardin du Luxembourg, Paris, 1934. Épreuve à la gélatine argentique, tirage tardif, 27,3 x 26,2. Coll. Musée de la Photographie MPC 2021/64.8.