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Publié le mardi 30 avril 2024

Œuvre de mai

Dans sa série Turista per gioco (« touriste occasionnel »), Cesare Di Liborio promène son appareil photographique sur le bord des plages de la station balnéaire italienne Lido Di Camaiore. Désertée par les touristes estivaux la ville redevient silencieuse, les lieux conçus pour accueillir les groupes de vacanciers se parent alors d’une ambiance mystérieuse et solitaire.

Issue de cet ensemble, la photographie Paradiso fait partie d’un triptyque thématique. Chacune des images constituant le trio montre l’enseigne d’un établissement de bains longeant la côte. La première indique « Tirreno » comme un appel à la mer Tyrrhénienne cachée derrière les palissades. La deuxième, « Oceano », bien que la suggestion soit plus vaste, fait aussi écho à l’environnement marin de la ville. La dernière, « Paradiso », laisse suggérer, comme le souligne Cesare Di Liborio, un monde merveilleux à l’abri derrière les murs. Le traitement photographique participe au caractère énigmatique de la scène. Le contraste entre le ciel entièrement blanc et les constructions humaines a été poussé au maximum. Aucun des éléments constitutifs de la photographie ne peut être appréhendé dans son ensemble : la cabane sur la gauche est coupée, le mur se poursuit au-delà du cadre, l’enseigne possède un mât qui s’élève au-dessus de la partie supérieure de l’image. De même l’arrière-plan se termine dans l’inconnu : est-ce la mer ? Le ciel ? Une ville invisible car trop lointaine ? L’absence humaine dans la prise de vue confère un caractère d’abandon au lieu, ajoutant davantage de mystère. Sans orientation du titre, l’auteur laisse libre l’interprétation de sa photographie. Certains peuvent y voir l’annonce et l’espoir que sous-entend l’expression du paradis. D’autres y verront, à l’inverse, l’idée du paradis perdu, comme la projection fantasmée du souvenir de l’été au bord de mer.

Le Musée entretient depuis longtemps une relation avec Cesare Di Liborio rencontré par l’intermédiaire de son maitre en photographie, Vasco Ascolini, initiateur de « l’école » de photographie de Reggio Emilia. Il y a un peu plus de vingt ans, le Musée consacrait une exposition à l’école et aux travaux du maitre et des élèves dont Cesare faisait partie. Nous conservons 47 de ses photographies au sein de la collection du Musée. Son travail, en noir et blanc, a été exposé de nombreuses fois en Italie et à l’international. Il fait partie, entre autres, des collections de la Bibliothèque Nationale de France, de la Maison Européenne de la Photographie,  du Victoria & Albert Museum, du Getty Museum de Los Angeles et de la Fondazione Giulia Maramotti.

À propos de la série Turista per gioco, Vasco Acsolini disait ces mots à l’époque de sa création : « Le cinéma a certainement influencé son [à Cesare] imaginaire et ceci se révèle notamment dans la troisième partie de cette douce manière de voyager : la mer que l’on ne voit pas mais que l’on imagine à travers des « lidos » felliniens : Paradiso, Tirreno, Oceano ! ». Il est vrai que le récit, la suggestion et la poésie font partie intégrante du travail de Cesare Di Liborio.

Cesare Di Liborio, Paradiso, de la série Turista per gioco, Lido Di Camaiore, 1994. Épreuve à la gélatine argentique, tirage d’époque, 29,1 x 21,1 cm. Coll. Musée de la Photographie, MPC 96/588 © Cesare Di Liborio