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Publié le jeudi 01 décembre 2022

Œuvre de décembre

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Que restera-t-il de nous quand le temps aura fait son œuvre, quand les souvenirs des proches ­– bien que transmis à d’autres générations – se seront étiolés, qu’une centaine d’années se seront écoulées ? Les images sans doute continueront de voyager mais, sans être identifiées, qui pourra encore mettre un nom sur un visage ? Deviendrons-nous alors définitivement des anonymes ? Réduits à l’homme au chapeau, à la dame au beau sourire, à l’enfant bougon ?  

Pour les archivistes, conservateurs et historiens, les images dénuées d’informations ou lacunaires demeurent une source importante, mais dont ils ne peuvent exploiter toute l’épaisseur historique ou documentaire voire patrimoniale. Apposer à ces images une légende reprenant une date (même approximative), les noms et prénoms des protagonistes et un lieu est donc d’une grande nécessité. Si pas pour l’Histoire, au moins pour ceux qui retracent leur histoire personnelle, qui se reconstituent un arbre généalogique et sont en recherche de visages familiers à travers des bases de données en s’appuyant uniquement sur un nom. 

Cette œuvre du mois prête à sourire, sans doute parce qu’elle rappelle avec légèreté ces dessins qu’il fallait constituer en reliant des chiffres, mais surtout pour l’acte maladroit de vouloir identifier sur l’image chaque protagoniste au point de la rendre quasiinexploitable. La liste des 39 noms, parfaitement calligraphiée, se trouve au dos avec une date ajoutée au crayon. S’il était moins aisé d’obtenir un double de ces images à l’époque, il est aujourd’hui facile d’en réaliser une copie en numérisant, photocopiant ou photographiant l’original qu’on laisserait intact pour annoter la copie (en espérant que les deux restes associés au fil des années). Numériser ou photographier l’image permettra d’effectuer des agrandissements pour en faciliter l’identification. Si l’acte de légender des photographies peut sembler spontané pour des tirages papier, il l’est peut-être moins pour les fichiers numériques que l’on classe dans un dossier devenu les « albums » d’antan. Pourtant, la démarche demeure la même et l’importance similaire pour les générations futures.

L’hiver s’installant petit à petit, les soirées à la maison invitent à rouvrir nos boîtes et albums d’archives personnelles et à se prêter au jeu des légendes en veillant à y amener un maximum d’informations. Au besoin, faire appel à la mémoire des aïeuls et (s’) offrir l’occasion de partager ensemble ces souvenirs capturés sur l’image et tout ce qui en déborde. 

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Anonyme, Groupe familial lors du mariage de Franz de Viron et de Mariette Van Innis de Viron, 1887. Épreuve sur papier albuminé, tirage d’époque, 11,6 x 17,3 cm. Coll. Musée de la Photographie MPC 2011/631.1.150.